DESKOPOLITAN VOLTAIRE

Au coeur du 11e arrondissement de Paris, l’îlot situé au 224-226 boulevard Voltaire est un emplacement oublié, presque tenu secret. Le projet de rénovation et d’extension proposé par Franklin Azzi s’inscrit dans une démarche respectueuse du patrimoine bâti en s’adossant sur les principes initiaux de la conception de l’édifice. Sauvegardé pendant de nombreuses années, cet îlot renait aujourd’hui sous l’impulsion de Deskopolitan pour devenir un lieu unique. Sa position singulière en coeur d’îlot en fait un lieu atypique où l’un des premiers enjeux urbains a été d’ouvrir le site au quartier grâce à une programmation riche. Sont réunis ainsi sur presque 6 000 m2 des activités et des usages variés tournés vers l’innovation : des espaces de travail, un hôtel, un restaurant, des studios sportifs et une crèche.

Le 226 boulevard Voltaire, situé à deux pas du village Faidherbe connu autrefois pour ses ateliers d’ébénisterie, le village Paul Bert et ses commerces de bouche de première qualité, fait partie des lieux emblématiques qui témoignent du fort passé industriel du 11e arrondissement de la capitale.

Derrière cette adresse se cachait la maison Cusenier, fondée en 1868 par Eugène Cusenier, connue pour ses liqueurs, absinthes et autres spiritueux aujourd’hui oubliés. En 1871, l’usine Cusenier s’implante au 226 boulevard Voltaire pour y installer son siège social et son magasin de vente. L’année 1894 est marquée par un changement de direction générale qui lance la construction du bâtiment que nous connaissons aujourd’hui. Celui-ci accueillait dans ses sous-sols une salle des coffres, gardienne des formules de la marque.

Au fil des années, l’ancien fief Cusenier devient alors le siège social de la Mutuelle B2V qui occupera les lieux jusqu’au début des années 2000 avant que la RATP en fasse l’acquisition pour y déployer un centre de commandement du métro. Le projet sera finalement abandonné en 2006. 

En 2015, Deskopolitan rachète l’ensemble immobilier à la RATP et lance le projet de réhabilitation et d’extension pour lequel Franklin Azzi a été missionné.

Face à la richesse architecturale et patrimoniale de ce site, le projet mené par Franklin Azzi s’oriente vers le parti pris d’une réhabilitation audacieuse et sensible, soucieuse de conserver l’âme du site tout en l’orientant vers une réponse architecturale contemporaine. À partir d’une analyse approfondie de la morphologie des bâtiments et de leurs principes constructifs, l’enjeu du projet a été de rendre compatible la trame de l’existant avec des usages contemporains. Ainsi, les ossatures primaires des bâtiments sont conservées, ainsi que les remplissages et les percements existants dans le but d’inscrire cette réhabilitation dans une démarche respectueuse et durable ayant un faible impact environnemental (certification BREEAM - Very Good).  

Le caractère tertiaire du bâtiment est maintenu afin de conserver la trame ordonnée de la structure poteaux-poutres ainsi que les ouvertures existantes. On retrouve sur les façades les matériaux constitutifs de l’ouvrage : le béton apparent et l’enduit de protection.

L’extension contemporaine, créant un niveau supplémentaire (6 niveaux au total), s’inscrit dans le prolongement de l’écriture rigoureuse du bâtiment d’origine. Une sur-densification de la parcelle par l’extension du bâtiment ne semblait pas nécessaire, car il était essentiel de laisser le soin aux habitants du quartier de se réapproprier la parcelle d’un emplacement presque oublié. En complément, un nouveau bâtiment adossé en fond de parcelle accueille le programme d’hôtel Bed & Coworking. Son écriture architecturale reprend les codes des matériaux industriels du site, la brique et le métal. Le projet dialogue ainsi avec les bâtiments existants et estompe les ruptures créées par la fragmentation de l’existant. L’ambition de Franklin Azzi a été de transformer un site fonctionnant en arrière-cour en un ensemble urbain vivant et reconnecté à la ville.

En complément du parti pris architectural, le volet paysagé, élaboré avec les paysagistes Mutabilis, est également structurant. En effet, la nature des sols urbains et leur valorisation dans une ville dense comme Paris est une véritable question d’actualité. C’est pourquoi, le projet propose un renforcement de la présence du végétal par la création d’espaces paysagers collectifs et généreux.

Pour ce faire, l’ensemble des espaces en pleine terre est traité à la manière d’un jardin paysager traversé par plusieurs cheminements piétonniers ; les espaces sur dalles sont plantés grâce à l’ajout de terre végétale et accueilleront des pots plantés de différentes tailles. Ces dispositifs permettent la création de percées visuelles délimitant les espaces à investir et guident ainsi les différentes circulations piétonnes.

Enfin, en réponse à une démarche environnementale globale basée sur la réappropriation des espaces extérieurs par le public, la cinquième façade est rendue accessible. Une terrasse et un potager ont ainsi été créés, dans le but de développer une agriculture urbaine permettant d’alimenter le restaurant et de bénéficier aux différents utilisateurs du site.